Les filles et les garçons à l’école : des attentes genrées

Je suis jeune, chers lecteurs, je ne vous le cache pas. Ainsi, une bonne partie de ma vie jusqu’ici s’est déroulée dans une école maternelle, puis une école primaire, un collège, un lycée et une université. Et comme je n’en ai pas assez, je travaille encore dans des écoles, maintenant, même si je n’en suis plus une élève. J’y ai vécu une quantité d’événements, dont certains feront sûrement l’objet d’autres articles sur ce blog d’ailleurs. J’en ai l’expérience double d’élève et de professionnel chargé de ces futurs adultes. Ces futurs adultes que l’école doit forger afin qu’ils soient prêts, le moment venu, à affronter la vie, à entrer pleinement, individuellement, dans la société, à prendre leur place, celle qu’ils auront choisi afin de s’épanouir et d’enfin voler de leur propre ailes.

La plupart du temps, ce début dans la vie, cette enfance, cette adolescence, cette éducation, se déroule bien. Et le jeune adulte arrive sans encombre à se créer son rôle, ses envies, à réaliser ses rêves au sein de la société. La plupart du temps.

D’autres fois, le chemin est semé d’embûches. Certains se heurtent au harcèlement scolaire, d’autres à la fragilité familiale, d’autres encore à l’échec scolaire, d’autres…

Mais aujourd’hui, je vais vous parler d’un obstacle en particulier: celui d’être une fille, celui d’être un garçon, dans une société qui associe ces deux sexes et genres à deux types de caractères qui sont différents, voire qui s’opposent. Le sujets est tellement dense que j’ai choisi de me limiter à mon observation et à ma connaissance de ce qui se passe dans les écoles. Je voudrais simplement citer pour exemple ceci :

Cette petite fille explique très bien la situation, mais si vous n’êtes pas très bon en anglais, je vous résume la speech. Cette jeune demoiselle haute comme trois pommes s’indigne devant ce que l’on appelle le « marketing genré ». Pour ceux à qui cela ne dit rien, il s’agit en fait « [d]es pratiques qui consistent à adapter la politique marketing (produit, communication,..) en fonction du caractère masculin ou féminin de la cible. ». Elle a déjà compris que l’on voulait faire acheter aux enfants garçons des jouets bleus avec des super-héros, et aux enfants filles des princesses et du rose. Et pourtant, elle réplique que les filles veulent aussi des super-héros, que les commerciaux essaient de piéger les petites filles pour leur faire acheter des jouets rose. Et le papa lui demande : « Mais si les garçons veulent acheter du rose, ils peuvent, n’est-ce pas ? ». D’un ton d’évidence, elle lui répond : « Oui ! ».

Cette vidéo illustre tellement l’idée que je n’ai pas besoin, à mon avis, de pousser l’analyse au-delà. Ce que je voulais introduire grâce à cet exemple, c’est que nombre d’adultes ont une idée préconçues de ce à quoi veulent jouer les enfants, et limitent d’avance leurs choix en séparant les rayons dédié aux garçons et celui dédié aux filles.

Imaginez alors ce qui se passe à l’échelle d’une école.

Dès la crèche et l’école maternelle, nous pouvons déjà voir des adultes – éducateurs et parents – réprimer les attitudes violentes (jeux de bagarres…) des fillettes, alors qu’ils porteront moins d’attention à ces situations dans le cas des garçonnets. Par la suite à l’école primaire et au collège, il est probable de remarquer la même chose, agrémentée de nouvelles attentes. Les filles discrètes et assidues sont admirées, les sportives qui jouent au foot avec les garçons (en admettant qu’elle ait été acceptée dans le jeu) dans la cour sont appelées « garçons manqués ». Les cancres, les rigolos de la classe, les insolents sont en majorité des garçons.

« Oh, tu es bien calme toi aujourd’hui, pourtant d’habitude tu es énergique, tu es un garçon. » Voilà une phrase prononcée par une professionnelle de l’éducation à l’adresse d’un petit garçon en classe de maternelle.

Les garçons sont dynamiques, courent dans tout les sens. Les filles sont tranquilles, jouent dans leur coin. Les garçons se bagarrent pour jouer, sont des chevaliers. Les filles prennent le thé, sont des princesses. Tout cela sonne cliché, et pourtant, beaucoup de parents et d’éducateurs perpétuent ce schéma.

Moi, quand j’étais petite, je voulais être une aventurière, une Indiana Jane. Je grimpais aux arbres et m’y suspendais. J’avais l’avantage d’être une gamine de la campagne, alors ça passait. Les poupées, vite abandonnées ou bien parfois décapitées, étaient surpassées de loin par l’attrait de l’escalade et des courses dans les champs. A l’école, malgré tout, j’étais calme, assidue, et appréciée pour cela. Malgré tout, ma pratique de l’escalade au collège m’a vite approprié le statut de « garçon manqué », alors que je suivais aussi des cours de danse. En même temps, à l’escalade, j’étais la seule fille dans un groupe de garçon. Par contre, à la danse, que des filles… Cliché, encore, et pourtant réalité.

Je ne demande pas aux parents et aux éducateurs de changer leur vision des choses et de la société. Je ne leur demande pas de changer leur comportement. Je leur demande seulement, parfois, d’écouter leurs enfants, d’exaucer leurs vœux, de respecter leur caractère et leurs choix. Simplement.

Comme ce papa fier de son garçon qui veut se déguiser en Elsa (La Reine des Neiges) pour Halloween.

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 Merci à Amandine pour avoir répondu à mes questions, n’hésitez pas à la retrouver ici : Puzzl’Educatif

Pour aller plus loin :

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